Les 10 commandements de la diversification alimentaire
Article écrit dans le cadre du carnaval d’articles sur l’alimentation du bébé et de l’enfant de blog2mamans.
Bébé n’est plus un bébé ! Enfin si soyons honnêtes : il ne fait pas forcément ses nuits, il tient à peine assis, sait moyennement appréhender les objets, et il ne sait même pas encore dire maman ou papa ! Pourtant on va passer à une nouvelle étape ! Celle que votre sol va adorer (ou votre chien – d’ailleurs si vous n’en avez pas, maintenant ça serait une bonne idée, un investissement pour les prochaines années) : j’ai nommé la diversification alimentaire.
Une expression très chic pour dire qu’il va commencer à manger et recracher de la vraie nourriture. Si vous voulez une autre image de la diversification : c’est aussi des couches qui vont changer de couleur, des renvois plus garnis (ils commenceront à s’appeler vomis), des bains où il faudra bien plus frotter la figure et les cheveux.
J’ai moi-même vécu cette aventure 3 fois, à chaque fois j’ai plus ou moins copié / collé le même mode opératoire avec les conseils avisés de mon pédiatre. Il faut savoir que chaque docteur aura une lecture un peu différente de l’introduction des premiers aliments et l’aménagement des repas (pour arriver à 4 par jour après un an). Je ne saurais trop vous conseiller que d’avoir un médecin en qui vous avez confiance. Des précautions particulières seront aussi à prendre en cas d’antécédents familiaux d’allergies alimentaires.
En ce qui me concerne, j’allaitais et l’arrivée des premiers repas m’a permis de sortir un peu la tête de l’eau en donnant un autre rythme à ma vie, et aux tétées. Je continuais à donner le sein à la demande, mais en essayant de décaler légèrement les tétées en fonction de l’insertion progressive des repas. C’était ma volonté, il est possible de le prendre plus cool et même attendre un peu aussi dans ce cas-là vu que, pour beaucoup, le lait maternel est proche de la « boisson des Dieux » et ne requiert rien d’autre. Les conseils qui suivent peuvent s’appliquer à tous les bébés, en gardant en mémoire que le lait maternel ou maternisé reste encore primordial pour votre enfant.
Voici quelques commandements pour vous aider dans cette nouvelle et parfois délicate étape de la vie de bébé.
A LIRE AUSSI : Quoi manger, quoi privilégier, quand on allaite ?
1 – Entre 4 et 6 mois, tu commenceras.
En général, on va commencer à introduire les premiers aliments à partir de 4 mois révolus. On essaiera de le faire avant 6 mois. Il est recommandé d’attendre un peu en cas de terrain allergique (plutôt 5/6 mois que 4 mois par exemple).
Après 6 mois révolus, les experts s’accordent à dire qu’il peut être plus difficile pour bébé d’accepter la nouveauté alimentaire, et a priori il y aurait un risque supplémentaire d’allergie également.
2 – Un aliment à la fois, tu essayeras.
Au début on veut que bébé puisse apprécier la délicate saveur de tel ou tel aliment. On cuisinera (ou on petit potera) un seul légume à la fois. J’ai commencé par la courgette, qui me paraissait assez basique avec un goût relativement discret.
On pourra présenter ce même légume 2 à 3 jours d’affilée, pour notamment parer à une éventuelle allergie. Si vous faites vos purées, la même préparation peut rester 3 jours au frigo sans souci (ex faite le lundi, valable jusqu’au mercredi inclus).
Nombreux pédiatres conseillent de commencer par les légumes en premier, car les fruits et leur saveur sucrée peuvent ensuite rendre bébé plus pénible quand il sera obligé de goûter aux légumes ensuite. Souvent les fruits seront introduits au goûter quelques semaines plus tard.
Une fois que bébé a goûté seul quelques aliments, on peut faire des purées avec 2, 3 ou 4 légumes. Pour lier vos purées, vous pouvez rajouter de la pomme de terre en petite quantité (attention, la « pure » purée de pommes de terres par exemple est déconseillée avant un an) à hauteur d’1/4 de la préparation. Moi grande stressée, sachant l’histoire de la pomme de terre déconseillée, je n’en ai pas mis. Je mettais de la courgette partout dans mes purées, et ça les rendait plus lisses.
Et les quantités ?
Ca dépendra de votre monstre, si c’est un oisillon ou un ogre. Les quantités seront augmentées progressivement, en complément de la tétée : 1er jour 30ml, 2ème 60 ml pour arriver à 120/150ml vers le 5ème jour.
3 – Le menu le plus basique, tu réaliseras.
Profitez ! Bébé ne sait pas encore vous dire « beurk, j’aime pas », « j’ai un petit peu mal au ventre », « qu’est ce que c’est ça ? », « c’est dégueulasse ! » ou « ça manque de sel ».
Les purées, et les bonnes soupes au goût de la terre, ne nécessitent rien : pas de sel, pas de sucre, pas encore de matière grasse.
Le sel et le sucre peuvent attendre longtemps avant d’être rajoutés (je fais toujours semblant de mettre du sel à mes naïves filles quand elles me demandent). La matière grasse sera rajoutée après 6 mois, en privilégiant les huiles, comme l’huile d’olive.
4 – Réessayer et persévérer sans t’énerver, tu devras.
Vous aussi vous allez vivre de nouvelles aventures dans le domaine de la frustration.
Peut-être allez vous ouvrir un pot qui vous a coûté bien cher, ou avez-vous passé du temps à faire la purée avec éventuellement cette belle machine neuve pas donnée : et là refus. Bébé n’ouvre pas la bouche, il repousse la cuillère avec sa langue, il recrache automatiquement. Ou mieux encore, il fait mine de vomir.
On essaie encore. Non pas moyen. On fait l’avion débile en pensant que c’est une espèce de piège magique. L’avion n’a marché qu’avec l’un de mes enfants, les deux autres étaient probablement plus intelligents et comprenaient que l’altitude ne changeait pas le goût de la purée. On peut essayer une autre cuillère. On peut donner une cuillère, une assiette avec un peu de purée dedans pour que bébé essaie de se donner lui-même à manger. Mais rien n’y fait, bébé va refuser cet aliment.
Ca sera partie remise. Je vous conseille de laisser tomber cet aliment pendant quelques jours ou semaines. Il y a en a d’autres, vous avez le temps, et avant 1 an le lait reste l’aliment principal de bébé en tout état de cause. Il ne faut pas s’affoler. On prend son mal en patience. Vous aurez d’autres chances de gagner la guerre.
5 – Pour certains aliments, tu attendras.
En gros, on va dire qu’on peut essayer ces aliments de suite :
- légumes :
- carottes,
- haricots verts,
- épinards,
- courgettes (épépinées, sans peau),
- feuilles de salade tendre,
- blettes (vert),
- potirons,
- blancs de poireaux,
- navets,
- oignons nouveaux,
- betteraves rouges.
- les fruits mûrs, cuits et mixés :
- pomme,
- poire,
- abricot,
- pêche,
- coing,
- pruneaux,
- banane.
On attendra quelques semaines/mois avant d’essayer :
- les jus de fruits,
- viande (bœuf, agneau, blanc poulet, dinde) après 6 mois,
- poissons (saumon, cabillaud, merlan, sardine…) après 6 mois,
- laitages (après 6 mois),
- les fruits rouges (mieux après 8 mois),
- jaune d’œuf (après 9 mois),
- certains fruits exotiques sont à limiter la première année : mangue, litchi, noix de coco, papaye,
- les légumes à goût fort, trop riches en fibres ou à risque allergique marqué (après 9 mois) : choux, raves, verts de poireaux, céleris, persil, tomates, salsifis, cardons, artichauts, poivrons, aubergines, petits pois, fenouil, brocolis, patate douce.
On remettra à après un an ou plus tard pour ceux-ci :
- le miel pour le risque de botulisme, après un an,
- le blanc d’œuf, à partir d’un an,
- les légumes secs non mixés et le maïs à partir de 18 mois,
- les kiwis (conseillés à partir de 3 ans),
- les fruits à coque déconseillés jusqu’à 3 ans,
- les cacahuètes, noix de cajou déconseillés jusqu’à 6 ans (allergie et/ou fausse route).
Bien entendu, chaque enfant, chaque famille a sa façon, son terrain médical éventuellement. J’ai bien respecté les consignes de mon pédiatre (que je vous remets donc ici) pour les 2 premiers.
Puis pour ma troisième, j’ai attendu un an pour certains, mais pas 3 ans pour d’autres comme le kiwi ou la cacahuète (dans des gâteaux, je n’ai pas encore donné de « cacahuètes cacahuètes » car mes enfants gobent plutôt que croquent et mâchent). Pour ma deuxième, j’attendais pour le kiwi et je me suis aperçue que la crèche lui en avait déjà donné ! Heureusement, elle n’a eu aucune réaction particulière.
6 – Le nettoyage au karcher, tu feras.
Comme je disais plus tôt : le sol va devenir un bel arc-en-ciel de textures et de couleurs, d’écrasés d’aliments. Pour le plus grand bonheur de votre serpillière, votre karcher ou de votre chien ! Le chien est le meilleur ami de bébé. Ou bébé est le meilleur ami du chien.
Mes recommandations :
- mettre une grosse serviette, ou un plastique sous la chaise haute si on est un obsédé du ménage (mais si vous n’avez pas encore compris qu’on ne pouvait plus être maniaque avec des enfants, vous avez un long chemin à parcourir),
- couvrir bébé avec un bon bavoir qui tient bien, bien long et large. Les bavoirs qu’on enfile sont pratiques, mais ils se distendent vite et ensuite le col et le cou de bébé deviennent le repaire des petits morceaux.
- ne pas s’habiller chic pour manger, tant pour bébé que maman ou papa. Vous risquez d’en prendre plein la tête (littéralement).
- remonter les manches bien hauts.
- et investir dans le savon de Marseille pour frotter son linge avant lavage, et les bras/mains/cheveux/visage.
7 – Le matériel adapté, tu auras.
Au tout début, si bébé ne se tient pas hyper bien assis encore il peut rester dans un transat redressé pour manger. Le bébéPOD est pas mal aussi. La chaise haute bien sur est tout à fait adaptée quand bébé n’est plus une limace sans colonne.
Une bonne cuillère souple vous sera bien utile. Elles sont douces pour les petites bouches fragiles et les quantités qu’elles contiennent sont convenables.
Un petit jouet qu’on peut salir et laver sans s’arracher les cheveux peut aussi être utile pour distraire bébé et mieux le gaver.
8 – En cas de constipation, tu agiras.
Forcément en introduisant des nouveaux éléments dans le ventre de bébé, il va falloir qu’il apprenne à les digérer. Cela peut se passer sans souci bien entendu. Si jamais ça « accroche » :
- éviter :
- les carottes,
- les coings,
- les bananes.
- privilégier :
- les épinards,
- les poires,
- les poireaux,
- les pruneaux,
- un peu de jus de fruit bien frais au petit déjeuner,
- de l’eau !!
L’hépar est une bonne eau à boire en cas de constipation. Toutefois, il ne faut pas trop en donner.
9 – Du plaisir, tu prendras et donneras.
Il faut que le repas reste un moment de plaisir, et non un moment stressant rempli de cris et de pleurs. Un enfant aura des hauts et des bas dans sa relation avec la nourriture. Ce qui est « acquis » ne le sera peut-être plus quelques mois plus tard.
Vers 9 mois, votre bébé sera ravi d’attraper quelques morceaux lui-même. Sa motricité fine pourra être mise en oeuvre facilement avec des petits morceaux de légumes ou fruits bien cuits et/ou finement coupés. Quand il a plusieurs dents, qu’il se tient bien assis, vous pourrez lui donner éventuellement des choses plus dures telles que morceau de pain, petits biscuits. Je donnais des cheerios (sans lait) à mes enfants vers 10/12 mois, pour leur plus grand bonheur.
A partir de 2 ans et pendant plusieurs années ensuite, l’enfant peut (re)devenir difficile. C’est normal, ça fait partie du processus d’apprentissage, d’évolution de la personne pénible de l’enfant.
10 – La cuisine avec bébé, tu pourras faire.
Il arrive que certains enfants, plus précoces ou plus pénibles selon l’humeur du jour, soient intéressés par la cuisine. On peut donc leur faire « tester » : en touchant les aliments, en jouant avec le cas échéant. Voir comment on prépare peut faciliter le repas qui s’en suit. Bien entendu c’est rarement à 6 mois, plutôt vers ou après un an quand l’enfant commence à être plus habile et largement plus intéressant.
Il peut aussi jouer avec le contenu des placards de cuisine, sous réserve qu’il n’y ait rien de particulièrement dangereux (j’aime bien dire des évidences). Si vous avez un bon casque anti-bruit, vous pouvez aussi donner quelques casseroles et des spatules en bois à votre enfant.
Puis une fois plus grand, quand ils demanderont à faire à votre place, vous pourrez réellement souffrir les faire participer. Bien sur votre quota de patience devra être au niveau max car ce n’est pas toujours facile. D’ailleurs, j’ai quelques petits conseils sur ça dans un autre article (Astuces pour patisser à 4 ou 6 mains) que je vous invite à consulter si vous insistez.
Sur ce j’espère que cette nouvelle aventure se passera tranquillement et restera un bon souvenir. La tête que fait un enfant à sa première cuillerée est souvent drôle et précieuse.
N’oubliez pas que nous sommes tous passés par-là à un moment. Si ce n’est que du bonheur, profitez (ça durera pas, c’était mon cas). Si non, vous aurez tout à fait le droit de maudire ceux qui vous diront que leurs enfants mangent bien, et surtout proprement. Sachez que c’est comme un boomerang, si ça ne vous revient pas dans la figure tout de suite, ça arrivera bien un jour…
9 commentaires
Claire
Bonjour Aurely,
J’aime beaucoup tes articles merci !
J’ai cependant une petite précision à apporter à ton point 5, si la crèche a donné du kiwi à ta dernière c’est que les recommandations ont changé depuis 2014.
On s’est rendu compte que la meilleure période pour éviter les allergies c’était la 1ère année, donc à partir de 4 mois on peut TOUT introduire. El l’idéal c’est d’avoir introduit les allergènes avant 1 an (sauf le miel pour à cause du botulisme). Bonne soirée !
Aurely
Bonsoir Claire,
Merci pour ton commentaire, et pour la précision.
J’avais été surprise que la crèche ne me demande pas avant. Mais effectivement, mon pédiatre savait que ça avait changé, toutefois on a continué tranquillement comme avant. Les habitudes sont dures à changer parfois. Quand il est parti à la retraite, la nouvelle pédiatre m’a dit de tout faire goûter à ma troisième sans attendre ses 2 ou 3 ans, même les arachides. 🙂
Bonne soirée à toi également !
Virginie
Ça fait tellement de bien de lire tous vos articles. ..Pour la diversification alimentaire je n’ai pas suivi le même schéma pour les 3 et me suis adaptée en fonction d’eux aussi. Pour mon premier on m’a dit carotte. Iln’en a jamais voulu et j’ai donc commencé par les fruits et plus tard la courgettes qu’il a adoré. Pour ma deuxième. Si ce n’était pas sucré elle n’en voulait pas. ..Et commencé plutôt tard à cause de quelques soucis de santé qu’elle a eu .elle a vite tournée à mon grand désespoir à préférer les petits pots tout prêt. ?.et mon petit dernier à commencé très Tôt car problème reflux ++ qui l’embête gênait énormément et il commençait à ne plus vouloir de son lait.jai également commencé par les courgettes et il a tout de suite aimé ?
Aurely
On s’adapte en fonction bien sur. Ca serait trop facile si on ne devait pas se prendre la tête.
Merci pour ton commentaire, j’espère que mes articles font du bien c’est le but principal.
Bonne journée !
Alex | Blog des parents
Ton article est TOP lol
J’ai appris des choses !! lol
Merci
baby planet
j’adore ta facon d’ecrire !
le point numero 6 c’est tout a fait ça lol ( le riz la semoiule et les petit pois arrrghh!!)
Aurely
Merci. Oui quand on mange du couscous je pleure intérieurement quand je les sers…
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Azalée
Merci pour ces rappels ! J’ai suivi une diversification classique, du moins au début, avec ma fille, mais je me questionne pour la DME pour mon second enfant. Au final, pour ma fille, on a très vite introduit des morceaux de fruits bien murs, on a introduit différents trucs pas forcément à l’âge indiqué, suivant les envies et intérêts de notre enfant 🙂